Des "Monsieur Emile" encore et encore...

Publié le par celineka

Je me lève à la même heure qu’hier, cependant j’ai du mal à me réveiller. Je rejoins Enaro qui retourne les tommes. J’enfile ma blouse, je mets ma belle charlotte et mes bottes en plastiques blanches. J’ouvre la porte et Enaro me demande ce que je fais là de si bonne heure. Je lui rétorque simplement que je lui avais dit que je viens l’aider. Il continue à me demander pourquoi je ne reste pas au lit. J’essaye de lui faire comprendre que pour moi, c’est normal de rendre service à quelqu’un pour que sa journée se passe plus vite ! Il a du mal à entendre mes propos mais accepte mon soutien bien volontiers. Je vais donc accomplir ma première mission : tourner les fromages de la salle d’affinage 2 ou 4. Tellement fatiguée, je mets plus de temps que les autres jours à les tourner. Surtout, je me mets à chanter pour les fromages. Et oui, on fait n’importe quoi quand on est un peu fatigué. Ensuite, c’est le temps du moulage des poches d’hier. Nous moulons les quatre poches de pénicillium en charbonniers et pyramides. Puis, je retrouve mon vieil ami qui m’a tant manqué depuis hier : Monsieur Emile. Mais bonne nouvelle, les renforts sont là : la femme d’Enaro avec son petit bébé et Sophie et Debby (l’Irlandaise) ! Cela promet d’avancer. En effet, la poche fait dix minutes à trois au lieu d’une demi-heure tout au rythme de la musique polonaise. Chacun imagine ce que le chanteur dit puisque aucun ne parle polonais. Vous me direz que moi aussi, j’en ai oublié beaucoup de vocabulaire car je n’ai pas pratiqué depuis fort longtemps, cela est regrettable ! En effet, je vais devoir tout réapprendre et je le vis un peu comme un petit échec. Mais enfin bon, il faut mouler encore et encore ! On fait les sept poches en rien de temps.

 

IMGP3854.JPG

   En premier plan, Monsieur Emile, au second plan des pyramides et en arrières des ramoneurs et Monsieur Emile

 

Nous faisons par la suite les poches de lait non ensemencé en Beurrasse nature pour l’une et une ail et persil pour l’autre. Une fois terminée, Enaro confie à chaque fille une nouvelle tâche : Debby est en charge de nettoyer la pièce devant les frigos d’affinage, quant à Sophie elle nettoie les chaudières et moi je change l’eau des pédiluves. Une fois finie cette tâche, je vérifie que les chaudières soient propres. Malheureusement, ce n’est pas le cas alors je vais les nettoyer. Pendant ce temps Enaro et Debby mettent en poche du caillé lactique au pénicillium. Debby repart dans la boutique et j’aide Enaro à nettoyer le pasteurisateur, la vaisselle de cabarets (plateaux), paillons et poches et je finis par passer la raclette au sol. Je pars déjeuner dans la salle commune de la maison avant de me mettre à l’écriture. Ce processus d’écriture me permet à la fois de me créer un carnet de voyages et d’essayer d’expliquer au mieux un métier ou tout du moins un environnement. A plusieurs reprises, je me suis souvent demandé si je devais décrire le plus fidèlement les personnes que je rencontre ou encore de laisser cours à votre imagination, souvent je l’avoue je choisis la deuxième option. Essayant de me concentrer dans la cuisine alors que d’habitude je suis dans la partie de la maison réservée au stagiaire, (mais c’est aussi la chambre de Nicolas alors par respect et surtout parce que c’est son jour de congé, je n’y rentre pas), Nicolas fait son apparition et prépare des crêpes. Quelques minutes plus tard, Jean-François arrive dans la cuisine et en profite pour goûter une crêpe.

 

 

Tout le monde semble être occupé autour du comptoir quand Louise fait son apparition avec son maître de stage Pierre et ses filles. Les filles de moins d’une dizaine d’année offrent à Jean-François des plants de framboisiers. Il a l’air d’être content de son présent et remercie les petites. Pendant tout le temps où ils sont là, Pierre et Louise n’arrête pas de se battre à coup de pieds et de poings devant les enfants. J’ai du mal à ne rien dire mais ce ne sont pas mes enfants, alors « chut » ! Ensuite, la maison redevient plus calme et il ne reste que Nicolas et moi. Il fait des crêpes et je nettoie la vaisselle. Ensuite, chacun repart de son côté et j’essaye de nouveau d’écrire. Peine perdue, il est presque l’heure de dîner ! Par respect j’arrête d’écrire et je vais voir ce que mijote Caroline : poisson pané maison à la chapelure de pain, fromage et sucre d’érable accompagné d’oignons frits au cumin. Nous nous asseyons autour de la table sans Louise qui dîne chez Pierre. Les sujets de ce soir sont la corruption, la mondialisation et le lait cru. Ici, il est appréciable que chacun d’entre nous puisse exprimer librement ces idées sans sentir aucun regard sur soi. Le repas se termine par les crêpes qui sont à mon goût très épaisse mais bonne. La table se débarrasse en un clin d’œil et la vaisselle aussi grâce à trois laveurs différents. N’ayant pas eu le temps de demander à Enaro quand je commence, je le demande à Caroline. Je me dirige vers son bureau et je crois entendre qu’elle parle de moi avec Louise mais je ne suis pas sûre. Néanmoins cela me perturbe beaucoup ! Elle me dit de me rendre pour 7h30 à la fromagerie. Je souhaite bonne nuit et je vais me coucher. Je pense encore à ce que j’ai cru entendre et cela m’empêche de dormir une petit heure avant de tomber de fatigue.

Publié dans Ruban Bleu

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article